De Namibie au Zimbabwe • Avec le Sony Alpha A7S

Logo-Son-ImageEn 2014, Sony lançait le A7, premier hybride mirrorless à objectifs interchangeables équipé d’un capteur plein cadre, le tout dans un boîtier compact. Ce lancement a eu l’effet d’une bombe et a marqué un jalon dans la jeune histoire de la photo numérique. Depuis, la gamme a connu plusieurs développements : le A7R avec ses 36 Mpx et le A7S, limité à 12 Mpx – capteur CMOS Exmor, plein format 35 mm (35,6 x 23,8 mm) –, mais pouvant atteindre une incroyable montée en ISO (de 50 à 409 600) tout en filmant en 4K (3 840 x 2 160 pixels). On peut aussi tourner en 120 images/seconde en résolution HD (1 280 x 720 pixels) et lire la vidéo en 24 images/seconde pour créer des effets de ralenti (moins cinq fois). C’est équipé du A7S de Sony que je suis parti en Namibie, au Botswana et au Zimbabwe, un voyage très « cinématographique » évoquant notamment Out of Africa. Des paysages immenses, qui semblent remettre l’être humain à sa place, des dunes parmi les plus hautes du monde, et des couleurs qui ne peuvent que ravir un photographe. Une véritable arche de Noé préservée, avec hordes d’éléphants et d’antilopes, et toutes les espèces que peut compter un bon safari.

Le terme mirrorless, littéralement « sans miroir », désigne les appareils-photo hybrides et dépourvus de visée reflex, ce qui signifie que l’image du viseur n’est pas issue de ce que voit l’objectif, mais de ce que voit le capteur. Il y a donc un viseur électronique, qui reste toutefois perfectible : mieux vaut viser avec l’écran LCD TFT de trois pouces (921 600 points), qui est lumineux et très lisible. Tout dans cet appareil respire la robustesse. Le boîtier est en alliage de magnésium, le design très réussi, il est léger (490 g sans objectif) et beaucoup moins imposant (127 x 94 x 48 mm) que les reflex, de sorte qu’il passera plus inaperçu et sera moins intimidant pour faire des portraits. Il affiche aussi une belle robe noire avec porte-objectif orange, comme le Sony RX1.

Pendant tout le voyage, le Sony A7S était muni de l‘objectif E 18-200 mm (équivalent en 35 mm au 27 – 300 mm) F3.5-5.6 OSS LE, téléobjectif agrandissant onze fois, idéal pour le portrait, le paysage et le monde animalier petit et grand.
 
OUVERTURE À LA CONCURRENCE
Grâce à des adaptateurs, notamment de marque Metabones, le A7S peut accueillir des lentilles Nikon, Canon et Leica, ce qui permet aux photographes ayant un certain parc d’objectifs de se tourner vers Sony plus facilement qu’auparavant. Le marché de l’occasion offre une pléthore de lentilles de toutes marques, très pratique pour qui veut s’équiper de ce boîtier. Des sociétés spécialisées en optique comme Sygma et Tamron offrent aussi en format e-mount des produits à monter sur le A7S. Sans compter la solution des optiques Samyang, qui possède un très beau catalogue de lentilles lumineuses allant du 7,5 mm (œil de poisson) au 650-1300 mm. C’est d’ailleurs le seul zoom, les autres références étant des lentilles fixes, aussi bien pour la photo que le cinéma. La fabrication toute métallique est très professionnelle, et le prix intéressant grâce à l’absence d’autofocus. On peut aussi acheter des lentilles Zeiss, société allemande qui produit des objectifs de haute qualité sur le double plan optique et mécanique, ou Leica, le prix étant proportionnel à la qualité.

NUIT AMÉRICAINE INVERSÉE
Avec son capteur ultrasensible, on peut prendre d’extraordinaires photos de nuit, qui semblent avoir été captées le jour : le ciel noir devient bleu et, avec les étoiles, on a l’impression d’une inversion du procédé cinématographique de La Nuit américaine, qui donne son titre au célèbre film de François Truffaut (1973), utilisant un filtre placé devant l’objectif pour assombrir la scène filmée de jour et lui donner une ambiance de nuit. Pourra-t-on un jour simuler en pleine nuit des scènes de jour ? Sûrement, mais pourquoi, au juste ? Pour offrir un nouvel outil de plus aux photographes, une option pour un projet spécial, etc.

De fait, ce capteur ultrasensible ouvre des initiatives incroyables. Le champ des possibles est énorme, par exemple faire une virée nocturne dans des lieux où aucun passant ne gênera la prise de vue, ou prendre le jour des photos avec ciel étoilé, comme l’a fait un photographe dans une série urbaine sur Paris et New York, avec photos noir et blanc en pose très longue, prises avec une chambre grand format. L’effet est très impressionnant.

TRAVELLING À TOUT VA
La fonction de panorama est très bien intégrée et fonctionne à merveille, avec toutefois quelques petits ratés, l’appareil ne trouvant pas toujours votre mouvement assez souple ou assez lent. Parfois, en changeant l’orientation, j’ai noté que le mouvement gauche-droite donne plus de résultats que l’inverse… Bizarrerie technique ou simple hasard ? Le panoramique large fait 8 192 pixels sur 1 856, et le vertical, 2 160 pixels sur 3 872. Il suffit de se positionner sur l’icône panoramique du barillet de sélection et de choisir sur le barillet arrière le sens désiré. Maintenant que cette technologie est évoluée et bien intégrée, ne pourrait-on pas avoir des panoramas élargis jusqu’à 360 degrés ?

ACCESSOIRISER SA CAMÉRA
On peut ajouter beaucoup d’accessoires au Sony A7S et le rendre presque invisible, comme la partie congrue de l’ensemble, comme s’il en devenait une petite partie alors qu’il en est la pièce centrale. Pour ce faire, on peut insérer l’Alpha A7S dans une cage de métal (de marque Motion9) pour le protéger, mais aussi pour y greffer tout un tas d’éléments comme un microphone plus puissant, une poignée pour le porter (celle du A7S n’est pas un modèle du genre, trop petite, surtout quand on a l’habitude de tenir un reflex Nikon ou Canon). Par contre, le nouveau modèle A7R II améliore ce point de détail. Sur les objectifs, on peut ajouter un pare-soleil donnant à l’ensemble un aspect très cinématographique.

Pour tourner en 4K, il faut ajouter un enregistreur (atomos) qui peut se placer sur le porte-griffe du flash. Avec son écran large et lumineux, vous n’aurez plus besoin de regarder l’écran ou le viseur pour cadrer. Il y a aussi la possibilité de monter l’appareil sur une poignée qui servira de « steadicam » pour des mouvements amples et souples pendant le tournage. Généralement, le contrôle de la fluidité des mouvements est contrôlé aux trois axes grâce à des gyroscopes qui braquent l’appareil en cas de mouvement brusque, comme le font les objectifs VR permettant d’avoir des images nettes en faible vitesse. Le récent Sony Alpha 7R II est le premier appareil plein format équipé d’un capteur stabilisé en cinq axes (x, y, latéral, hauteur et roulis). Le Sony A7S est livré avec deux batteries, charmante attention pour qui part en balade au long cours sans source d’électricité accessible. C’est ce genre de détail qui distingue certaines marques.

Le viseur étant ce qu’il est, une solution très pratique consiste à ajouter sur l’écran un œilleton ergonomique ayant un cache pour isoler l’œil de la lumière, ce qui permet d’avoir un viseur haut de gamme. Évidemment, ce montage crée un aspect assez bizarre, mais il est terriblement efficace. Les photographes passent d’ailleurs souvent pour de doux dingues en raison des postures qu’ils prennent pour photographier au ras du sol, entre autres acrobaties.

DES APPLIS AU MENU
Voilà le premier appareil que j’utilise qui peut accueillir des applications lorsqu’on le branche sur un ordinateur. Il suffit de transférer les applis à partir du site de Sony (playmemoriescameraapps.com). Certaines sont gratuites, d’autres payantes, mais les plus intéressantes pour moi sont Traînée d’étoiles, qui peut combiner à intervalles des images fixes du ciel en un film décrivant la trajectoire des étoiles, et Time-lapse, qui permet de faire un film à partir d’une série de photos, par exemple pour un coucher ou un lever de soleil. Bien sûr, on peut faire ce genre de films avec des logiciels, mais c’est ici le côté pratique qui entre en jeu, les réglages et options donnant de très bons résultats.

L’Alpha 7S de Sony ne possède pas de flash en interne, ce qui n’est pas pour moi un désavantage puisqu’on y installe ainsi le flash désiré, qui sera de toute manière de meilleure qualité que ceux qui viennent avec les appareils-photo (plusieurs références dans le catalogue Sony). On peut aussi greffer un modèle tout autre, de marque Manfrotto, sorte de boîtier qui possède plusieurs DEL et crée un éclairage doux et uniforme en photo comme en vidéo.

Quand vous achetez une caméra, on ne vous donne plus aujourd’hui de carte mémoire. Il faut dire que leurs capacités ont décuplé. Dernièrement, en fouillant dans mes boîtes de photos, j’ai découvert une carte de 8 Mo datant sûrement de plus de 10 ans. Avec le 7S, on ne peut enregistrer que deux photos en jpeg. La dernière promotion que j’ai croisée sur le Net faisait état de cartes SD Sony de 128 Go à 50 $ US. Avec de tels prix, on peut filmer et photographier à loisir, expérimenter et tester sans limites.

PRIX ET DISTINCTIONS
Sony a remporté cette année deux prix prestigieux : le Sony Alpha 7R a reçu le prix EISA (European Imaging and Sound Association) dans la catégorie European Professionnal Compact System Camera, et le Sony Alpha 7S a obtenu le prix Best Photo/Video Camera Professional de la TIPA (Technical Image Press Association). C’est sans compter les nombreux prix décernés par des sites Web très populaires et très suivis des amateurs de photographie.

12 MILLIONS DE PIXELS : EST-CE SUFFISANT ?
Pour répondre à la question, deux exemples me viennent à l’esprit. En 2005, j’étais au Kenya et en Tanzanie avec un Nikon 8800 doté d’un capteur de 8 millions de pixels. Malgré la faiblesse de ce capteur, dont la technologie ferait sourire aujourd’hui, j’ai fait des tirages de certaines photos prises avec cet appareil de 50 cm sur 70, et je peux affirmer que le résultat ne laisse aucunement imaginer cette « faiblesse ». À l’heure actuelle, Apple mise beaucoup sur la qualité du capteur de l’iPhone 6. En voyant les photos des affiches, qui pourrait dire qu’elles ont été prises avec un téléphone ? Or, même avec un capteur de 12 millions de pixels, le Sony A7S assure une qualité largement supérieure à ces deux exemples, d’autant plus que la plupart des photographes ne tirent pas leurs photos, mais les regardent seulement à l’écran. Il y a maintenant plus de dix ans que je fais des tests d’appareils pour le magazine Son & Image. En 2005, je testais un bridge Nikon de 8 Mo ayant une réactivité lente, surtout côté vidéo. Mais en une décennie, tout a changé : résolution, réactivité à l’allumage, contrôle des couleurs, vidéo ultra-évoluée. Aujourd’hui, des sociétés d’effets spéciaux utilisent le 7S pour le tournage de certaines scènes. Quelle sera désormais la courbe des progrès de la photo numérique ? Impossible de le prédire, même dans un proche avenir. Mais le A7S Sony fera clairement partie de cet avenir. Et ce n’est pas de la flagornerie.

DERNIÈRE NOUVELLE
Le Sony Alpha 7R II vient de sortir avec une nouveauté notable : il filme en 4K UHD à 24, 25 ou 30 im/seconde en interne – en plus du classique Full HD jusqu’à 60 im/s. Contrairement au mode 4K du 7S, il ne s’agit pas d’un recadrage : le nouveau Sony peut redimensionner à la volée pour utiliser la pleine largeur du capteur, ou employer une fenêtre réduite correspondant au format Super 35 (22×16 mm), ce qui permet d’utiliser pleinement des objectifs de cinéma avec une simple bague d’adaptation. Le tout grâce à son capteur BSI Cmos.