SML + BR [expo photo] 02 > 07 mai 2019, vernissage 02 mai
S’il est de bon ton de faire des accords entre mets et vins, pourquoi ne pas en faire aussi entre photos et musiques, puisque toute image peut susciter des mélodies mentales? Très souvent, en écoutant par exemple une musique de film sans support visuel, on imagine un paysage, voire un travelling ou une caméra subjective. Certains accords se font automatiquement, d’autres sont plus personnels. J’ai puisé ici dans mes souvenirs musicaux ou émotionnels pour ajouter une quatrième dimension aux traditionnels X, Y et T. Certains titres semblent évidents, d’autres font appel à des souvenirs ou des sentiments, parfois secrets bien sûr, mais leur musicalité se veut toujours harmonisée à la photo.
C’est en écoutant «Brazil» (le célèbre standard d’Ary Barroso) que Terry Gillam a imaginé l’univers dystopique de son film éponyme. Voici l’explication du cinéaste: «La première idée de Brazil, c’est une image. Je faisais du repérage au pays de Galles en vue du tournage de Jabberwocky, et je visitais une petite ville industrielle avec des aciéries. Une ville horrible dans une région minière. La plage était complètement noire, à cause de la poussière de charbon. C’était tellement noir qu’on se serait cru à la tombée de la nuit. Je suis allé sur la plage, une sorte de décharge publique, et j’ai vu un homme assis seul, avec un transistor, passant d’une station à l’autre et tombant par hasard sur le thème «Brazil» (d’Ary Barroso). Un rythme semblable n’existe pas dans son monde. De toute sa vie, cet homme n’avait jamais écouté une musique pareille, entraînante, romantique, gaie, syncopée et évocatrice d’évasion latine, suggérant qu’au-delà des tours d’aciers et des gratte-ciel se trouve un monde luxuriant et paisible. Parce que cette musique l’obsède, elle changera sa vie. Pour cette raison, je tenais à ce que le titre du film soit celui de cette chanson.»